La « réduction du risque » ou « réduction des méfaits » ambitionne d’atténuer voire supprimer lorsque c’est possible les méfaits associés à certains comportements à risque. Dans le contexte du tabagisme, ce type d’approche permet d’offrir des alternatives moins nocives aux fumeurs, sans prôner la seule abstinence. Cette approche largement documentée dans la littérature anglo-saxonne est désignée sous le vocable de Tobacco Harm Reduction (THR).
Le professeur Michael Russell a révolutionné la compréhension de la dépendance au tabac et conduit des recherches de pointe dans ce domaine. Il a écrit en 1976 : « Les gens fument pour la nicotine, mais ils meurent du goudron. »
Les dégâts provoqués par la cigarette sont presque exclusivement liés à la combustion du tabac, en particulier les goudrons et le monoxyde de carbone. La nicotine, contrairement à l’opinion généralement répandue, n’est en fait pas très dangereuse en soi, addictive certes, mais pas dangereuse. Son utilisation depuis des décennies dans les substituts proposés par l’industrie pharmaceutique en témoigne.
Si l’idéal reste bien sûr de cesser complètement et définitivement la consommation de tabac et de nicotine, un consensus émerge toutefois dans la communauté scientifique pour promouvoir la réduction des méfaits auprès des personnes qui ont du mal à en finir avec la cigarette. Les mesures de THR visent alors à réduire ou éliminer l’usage du tabac combustible en proposant d’autres produits contenant de la nicotine.
Les méthodes de sevrage tabagique approuvée et recommandée par les autorités de santé ont un taux d’échec de 90%, lorsqu’elles sont utilisées selon les recommandations. Il y a donc une population considérable de fumeurs qui n‘arrivent pas, ou refusent, de parvenir à l’abstinence.
Cette approche par le THR est susceptible d’apporter beaucoup plus d’avantages aux fumeurs et plus globalement à la santé publique que la poursuite de politiques exclusivement basée sur l’abstinence.
A titre d’exemple, l’application de ces principes a permis de réduire le nombre de malades du Sida en promouvant le préservatif ou en établissant des programmes d’échanges de seringues.